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Lorsque les brumes tapissent les basses terres, dominent au soleil sur nombre de hauteurs, les ruines des châteaux seigneuriaux témoins de tant de conflits locaux.
Ces castels communiquent entre eux de jour comme de nuit par signaux et feux du haut des donjons, ils pouvaient mettre en alerte le pays en un temps record.
Ces vielles pierres nous content une époque où le code médiéval régnait sur le Jura.
Á chaque mariage ou chaque décès d'un illustre, se reformait un nouveau pool de propriétés et de droits pour les héritiers ou les héritières.
Souvent, le nouveau partage occasionne une guerre ''justifiée'' en droit de l'époque :
le ''droit de guerre'' du noble comtois.
Chaque famille de cette ancestrale noblesse d'épée joue la postérité de son nom,
(il nous est difficile aujourd'hui d'imaginer l'angoisse de la mort lorsque l'espérance de vie n'est que de quelques décennies, ainsi que l'importance de la ''lignée'' et l'autorité du divin que cela induit).
De plus, il est courant de se marier à répétition, d'épouser une fille de la famille pour ne rien perdre sur le nom glorifié.
Ainsi, beaucoup de ces seigneurs cumulent jusqu'à la folie pure toutes les tares que la consanguinité implique !
Prenons l'exemple, dont les serfs de Coulans furent les témoins effrayés, que l'on appelle : l'affaire de Châtelmaillot (l'actuelle grange Maillot).
Le premier juin 1338, Simon de Sainte-Croix (doyen de Mâcon) acquiert les châteaux de Montfort et Maillot par échange, sans que l'on tienne compte des droits de son neveu Guillaume, Sire de Sainte-Croix.
La situation successorale se complique lorsque l'on sait que les deux sont vassaux du même comte : Jean II de Chalon-Auxerre.
Elle se complique encore car ce dernier et Guillaume sont beaux-frères par leurs femmes Alix et Marguerite de Montbéliard.
Beaucoup de terres jurassiennes, dont une partie de Coulans, sont dans la dote et les mains de ces dames.
Le droit de guerre s'applique ici, encore faut-il présenter une ''justification'' que le comte Jean déposera bien tard en septembre 1338.
Dans l'immédiat, Guillaume dépêche une armada conduite par un de ses seigneurs, ''ensemble grand compagnie de gens d'armes'' et occupe le château de Montfort.
Le comte Jean (beau-frère de l'assaillant et ''souverain de la chose'') est absent et Simon ne sait où faire sa contestation.
Le bouillant Guillaume fait également prendre ''à force et à armes'' le bourg de Maillot et assiège désormais son castel ''à engins, burres, espingles, arbelestes et autres manières d'autres outils'', mais le castel tient bon sous la bannière de Simon.
Les grands locaux s'en mêlent, le châtelain de Châtelbelin (Salins) menace Guillaume d'intervenir.
Tout le monde est convoqué à Orgelet, mais Guillaume ne se fait pas représenter et le siège continu.
C'est le lieutenant de bailli du comte Jean (toujours absent) qui prend alors Châtelmaillot sous sa protection, ainsi les gens de Simon remettent le châtel assiégé au nouvel arbitre.
Les gens de Guillaume se retrouvent dans une position délicate (face à leur propre seigneur) et doivent à leur tour délivrer le bourg.
Guillaume tente alors en secret de sous-traiter sa guerre à une branche parallèle de la grande famille de Chalon, celle de Jean de Chalon-Arlay, et le bourg est à nouveau investit par ce dernier.
Cette fois, se font face les deux plus fortes familles de la Comté...
A quelques kilomètres de là, les habitants de Coulans se protègent, malgré la peur,
et voient passer les estropiés et autres réfugiés du conflit qui dégénère gravement.
Ces rescapés traversent le village pour aller grossir les rangs des mendiants de Salins si les chemins et brigands attirés par les désordres le permettent.
Guillaume intervient également auprès du seigneur commun aux deux premiers belligérants : Jean de Chalon-Auxerre enfin présent:
« Messire le Comte, vous êtes plus tenu à moi qu'à Simon car je suis votre homme de plusieurs fiefs et le serai encore plus si...»
Jean de Chalon-Auxerre l'interrompit, soucieux de ne pas affronter son cousin
Jean de Chalon-Arlay (l'opportuniste déjà sur place) :
«Je le ferais bien volontiers, si je le pouvais sans méfaire (en droit), mais Simon a été mis hors des dites choses, et votre guerre ne m'est pas encore prouvée,
ni acertenée par devant moi. Aussi je vous requiers que vous me rendiez et délivriez le bourg de Maillot. J'appellerai Simon par devant moi, et la guerre prouvée suffisamment, je promets de vous rendre ces choses en l'état où elles sont actuellement; je vous ferai raison selon la coutume du pays et non autrement. »
Guillaume répondit vivement d'une colère contenue:
«Je n'ai méfait en rien contre vous au bourg de Maillot du tout en tout.
Quand à la prise qu'en a faite monseigneur Jean de Chalon-Arlay, certains vous ont donné à entendre que j'ai repris de lui d'autres choses...»
Tout le monde fut convoqué à Lons-le-Saunier mais personne ne vint.
Lorsqu'une parole vexante peut provoquer une déflagration régionale, mieux vaut s'abstenir...
Mais localement les hostilités reprennent et Guillaume réinvestit le bourg de Maillot et y cohabite désormais avec les gens de Chalon-Arlay.
Le comte de Chalon-Auxerre informe ce dernier de ses droits et Chalon-Arlay quitte le bourg.
Guillaume le tient désormais seul alors ses gens posèrent les panonceaux du duc de Bourgogne pour se protéger face aux gens de Chalon-Auxerre toujours au châtel.
Mais une nuit de mars 1341, ils prirent de force le châtel également.
Du coup, Chalon-Auxerre lui prend de ''bonne guerre'' les châteaux de Pymorin et Vermentois.
Finalement, Guillaume dû retirer les panonceaux du duc de Bourgogne et rendre le tout (sur les injonctions des commissaires de Chalon-Auxerre) au châtelain de Châtelbelin.
Dans cette histoire, l'oncle Simon perdit donc Montfort et Châtelmaillot,
puis sa liberté car son neveu Guillaume l'enleva, (la prise d'otages et les prisonnier en gage sont également permis).
Il fallut l'intervention de la famille, du duc et du comte de Bourgogne Eudes IV
pour libérer Simon et mettre en plus deux châteaux et une ville en gage.
En cas de non respect, ils seraient collectivement privés de sacrements et Simon se soumettait par avance aux sanctions papales dont l'excommunication.
Le 13 mai 1341 à Beaune en la présence des parties, le duc remet à Guillaume
''les châteaux de Montrond, Châtelmaillot, Montfort et les fiefs, noblesses, appartenances et dîmes correspondantes'', (tous situés au diocèse de Besançon) et
''qu'il s'en tiendrait pour apaisé et satisfait''.
Simon accepta de perdre cette partie d'héritage au profit de Guillaume ainsi que mille francs d'or au profit du duc, (Jean de Poligny, chanoine de Besançon, contresigna l'acte en représentant de l'autorité de l'église).
Mais le comte de Chalon-Auxerre ignore le traité d'Eudes IV et reprend le bourg de Châtelmaillot à Guillaume dont les gens ''se mirent en défense'' en vain.
Guillaume contre-attaque directement le comte sur ses terres d'auxerrois qui réplique en prenant le bourg et la plaine du Pin à Guillaume, le château du Pin se met en défense.
La guerre fratricide et sans merci ravage désormais la région.
Cette fois, c'est Jean de Chalon-Auxerre et Guillaume (les beaux-frères) qui acceptent l'arbitrage du roi de France Philippe VI, (les voilà dans de beaux draps...)
Philippe VI (en simple voisin) est habitué à séparer des belligérants comtois,
(il a récemment réconcilié le comte de Bourgogne et l'Archevêque de Besançon (Hugues de Vienne) brouillés par une affaire de frappe de monnaie.
Il obtient d'abord une trêve d'un an, ''le dernier jour compris''.
Le temps fut nécessaire au juge royal de Lyon pour établir et remettre par lettre close sous son sceau, les conclusions de son enquête au roi, après avoir entendu les protagonistes justifier leurs guerres.
Pendant la trêve, l'incorrigible Guillaume enlève le chevalier et ses aidants qui venaient prendre les ordres de son oncle ( les lois médiévales ne l'autorisent pas.)
Alors, Chalon-Auxerre propose donc au roi de devenir le vassal de son fils,
(avec toutes ses seigneuries en France et en Jura) contre une aide militaire,
ce que le roi peut difficilement refuser !
Ordre royal est donné ''à tous les Justiciers, Péagers et Gardes de nos ports'' de laisser circuler ''à armes'' les gens du comte de Chalon-Auxerre librement.
Le roi rendit sa sentence le 11 avril 1345, ordonnant que ''tous les personnels pris de part et d'autre, qui sont encore emprisonnés, tous les châteaux, maisons et
terres prises seraient rendus''.
Le roi paierait la moitié des dégâts si Guillaume rendait hommage (se soumettait) au comte de Chalon-Auxerre; ''Par cette manière, ils demeureraient bons amis''.
C'est l'oncle Simon qui fit les frais du traité mais l'accepta.
Le comte de Chalon-Auxerre venait de guerroyer cinq ans pour rien...
Le neveu Guillaume récupérera les châteaux et mourut quelques années plus tard.
Un an après la sentence royale, on pouvait passer à d'autres choses en Comté ...
C'est à dire à de nouvelles guerres qui opposèrent les seigneurs comtois à l'appel de Chalon-Arlay au duc de Bourgogne Eudes IV.
Guillaume se rangea du côté du duc...
Une vieille histoire locale nous parle encore d'un fameux village disparu au plateau près des villages de Chantrans, Silley, Flagey et Bolandoz.
Comme son nom est tombé dans l'oubli, on le nomme CHANSIFLABOZ en contractant les noms des villages voisins.
Ne s'agirait-il pas en réalité du Bourg-de-Maillot, petite ville d'encore 128 habitants en 1800, que l'histoire a réduit en simple grange?
Un hameau appelé Les Ravières a également disparu vers 1850 à proximité de la chapelle de bonne aventure...

Pays de châteaux.

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