«Je me souviens de Bouboule, leur chien qui tirait chaque jour la charrette à Éternoz avec leur peu de lait à la fromagerie, de ces enfants mal chaussés qui venaient chez nous payer quelques dettes avec des pois cassés que l'on ne pouvait accepter».
S'il y eut une famille qui vécut, dans une période récente, une des existences les
plus dures à Coulans, c'est sans conteste celle de Charles Gavignet.
Dès 1936, il intervient auprès du maire qui , au nom du conseil municipal, écrit au préfet du Doubs pour demander l'affectation à l'école d'un instituteur car six enfants du village marchent six kilomètres par jour et par tous les temps pour se rendre à l'école d'Éternoz.
Réponse de la préfecture : que la petite Anne-Marie reste chez sa tante de Gevresin et que voici 200 francs pour acheter des chaussures aux autres,
ce qui les aidera à marcher !
Il a 49 ans lorsque son épouse décède deux mois après la naissance
du septième enfant au début de la guerre !
Petit cultivateur très occupé, il élèvera seul ses enfants mis de suite à pleine contribution pour survivre :
Berthe 16 ans, Anne Marie 14 ans, Gabriel 11 ans, Joseph 10 ans, André 8 ans,
Jean 2 ans et le bébé Daniel.
Démuni, il est l'un des trois enfants d'Ernest, veuf également et orphelin de père.
Sans maison familiale, il louera fermage très difficilement au village
jusqu'aux années cinquante.
Hommage à celui qui mérite vraiment le paradis.