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I - Pages d'histoire

Le tocsin d'alerte sonne au village :
«ça y est, ils recommencent, cette fois on va les occire pour de bon !».
Des champs, les coulanais descendent fourches en main.
Du village, les femmes et les enfants les rejoignent avec les pieux et les faucilles.
Toute la population se rue sur les bêtes d'Éternoz pour leur imprimer en mémoire par la douleur que ces terrains sont à nous !
A cette époque, les prés n'existaient pas, la clôture est interdite et le pâturage est libre comme sur un communal.
Les villageois appellent cela un ''droit immémorial''.
« Le seigneur ne peult descroistre les commungs des terres et de bois, ne baillier à aucun qu'il ne soit de la communauté.»
La communauté édite le règlement, la vaine pâture n'est possible qu'après récolte uniquement, mais les pâtres d'Éternoz ont bien du mal à comprendre et ce jusqu'aux délimitations officielles trois cent ans plus tard, via les coûteux procès de 1608 à 1753.
En 1760, c'est Jean Demontrond et Louis Audy, de Coulans qui seront pris à partie par la population d'Eternoz mais c'est village contre village que l'on ira au procès.
Les délimitations entre les deux communes, définitivement et précisément cadastrées, ne seront finalisées qu'en 1836.
Il fallait en finir avec ces bêtes qui ''pâturoit et mésuset sur nos prelz''.
Les revendications révolutionnaires de 1789 stipulent :
«Pour éviter toute difficulté et maladies épidémiques que les voisins cachent souvent six mois et plus, ainsi que pour prévenir les batailles et autres malheurs que ces sortes de communications entraînent souvent».
Car derrière ces questions de droit de pâture se cache un danger plus terrifiant,
en réalité les paysans craignent que leur bétail soit touché par une épizootie,
(le procès de 1746 porte enfin sur cette question).
En 1884, sur douze cas de chevaux malades dans tout l'arrondissement de Besançon, six proviennent du moulin d'Eternoz, la morve ou le charbon y existaient depuis deux ans (!) et quatre des cinq chevaux du meunier seront abattus.
Le vétérinaire écrira : «Les sorciers des villages lèvent les sorts des étables infectées de charbon en attribuant l'existence de ce dernier à la présence de crapauds dans le voisinage. Les paysans ont tendance à vendre la viande et les maires à fermer les yeux».
Longtemps, le village s'opposa à la création d'un chemin direct entre les deux communautés pour éviter l'invasion, crénondediou !

« Le voyageur peut faire halte pour se rafraîchir dans un des nombreux villages compacts resserrant leurs toits de laves grises autour d'une source ou d'un étang.
S'il suit le chemin qui serpente au fond d'une des profondes vallées entaillant les larges plateaux du Jura, comme la vallée de la Loue, dont les versants sont tapissés de vignes.
Sur le plateau, la neige recouvrant tout six mois par an, les loups enhardis par la faim au cours des hivers, les grands ours gîtant dans les fourrés.
Les villages sont distants et il n'est pas rare de faire de mauvaises rencontres sur ces chemins qu'empruntent seulement quelques colporteurs seigneuriaux,
ou percevant des droits économiques particuliers dans ces villages appelés justement ''mipartis'' voir ''tripartis''.
Ces appellations proviennent en effet de la coexistence dans ces villages de statuts de terres et de statuts des personnes différents.
Les mêmes habitants pouvant dépendre de deux voir trois souverainetés
toujours facilement identifiables,(les blasons étaient visibles).
Ce sont ces excès qui provoquent les conflits et les procès qui en résultent.
Ces terres incertaines sont avant tout, de véritables paradis pour les seigneurs locaux, maîtres absolus de ces territoires, dont les verdicts sont sans appel mais aussi pour les hors-la-loi, les bannis, faux-sauniers, faux-monnayeurs, gibier de potence et brigands de tout poil qui vivent là dans une quasi-impunité.
Ce ''paradis fiscal'' et aussi un enfer pour les paysans ballottés entre plusieurs juridictions et constamment sur la route des envahisseurs.»
L. Febvre.

« Je suis en doulx lieux... avec force belle montagnes haultes jusqu'au ciel, fertiles à tous coustels et remplies de fort belles vignes et de toutes sortes de fruicts.
Les rivières et les vallées belles et larges, l'eau claire comme crystal;
une infinité de fontaines, triuctes et umbres innumérables et les meilleurs du monde; les champs en bas fort fertilles et fort belles prayeries, et, en l'un des coustelz, chaleurs grandes et en l'autre, quelque chaud qu'il face, un frais délectable. Et il n'y a gaulte de bien bonne campagnye du pays, de parents et d'amis avec les vins les meilleurs, comme vous savez du monde...»
Le Cardinal de Granvelle (Ministre du Gouverneur Marguerite de Parme), pour le Roi d'Espagne, des Pays-Bas et des domaines d'Italie et de Franche-Comté : Philippe II. Le 25 juillet 1564.

« Une agréable variété de plaines, de collines, de vallons, de bois, de prairies, de terres cultivées, de rivières, de fontaines et d'étangs en rend la campagne délicieuse. La même fertilité se trouve en ce qu'elle porte, car il n'y a rien de nécessaire à la vie dont elle ne soit fertile. Surtout elle est en réputation pour ses bons chevaux, et pour ses excellents vins, dont quelques-uns, comme ceux d'Arbois et des environs, conservent vingt et trente ans toute leur délicatesse et toute leur force. L'or mêlé quelquefois visiblement au sable du Doubs et de la Loue, indices certains des mines inconnues où leurs eaux ont passé. Les comtois naissent cavaliers et dès le premier jour qu'ils montent à cheval, ils savent s'y tenir.» Paul Pellisson, 1666.

« D'autant que cette Comté est le plus ancien patrimoine de la maison de Bourgogne, et en assiette fort avantageuse pour endommager les Français.
Ainsi, je vous recommande la fortification, défense et conservation de cet État. »
Charles Quint, testament pour son fils Philippe, 1548.

« On pourrait penser à la Navarre et à la Franche-Comté comme nous appartenans, estans contiguës à la France et faciles à conquérir, toutes fois et quantes nous n'aurons autre chose à faire. »
Richelieu pour Louis XIII, janvier 1629.

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